
Le ghetto-blaster, également connu sous le nom de boombox, est un radiocassette emblématique des années 1970 et 1980, reconnaissable à son format imposant et à sa puissance sonore.
Le terme anglais to blast signifiant « exploser » ou « retentir avec force », résume bien la vocation de cet appareil : diffuser la musique avec intensité. Véritable icône de la culture urbaine, il est intimement lié à l’émergence du hip-hop, aux block parties et au mouvement breakdance qui ont animé les quartiers populaires américains.
Un outil musical et créatif
Le ghetto-blaster s’est rapidement imposé comme un outil essentiel pour les DJ de rue, les danseurs et les passionnés de musique. Il permettait non seulement d’écouter de la musique avec une qualité sonore relativement élevée, mais aussi, sur certains modèles, d’enregistrer des mixages ou des morceaux diffusés à la radio. Cette fonction d’enregistrement a ajouté une dimension créative précieuse à l’expérience musicale.
Les premiers modèles étaient alimentés par de grosses batteries, facilitant la mobilité. Leur grande taille, loin d’être un défaut, était un moyen de s’imposer et de se faire entendre dans l’espace public.
Au fil du temps, les ghetto-blasters ont évolué vers des versions plus sophistiquées, avec une stéréo améliorée, des basses renforcées et des capacités d’enregistrement plus poussées. Porté fièrement sur l’épaule, le ghetto-blaster devenait un véritable signe extérieur de style et d’affirmation culturelle. Son design visuellement percutant contribuait à l’esthétique urbaine de l’époque.
Face au numérique
Dans les années 1990, le succès du ghetto-blaster perd en popularité, concurrencé par des appareils audio plus compacts comme le Walkman, puis le Discman. Ces nouvelles technologies proposent une expérience d’écoute plus intime, marquant un tournant dans la manière de consommer la musique : de l’expérience collective à l’écoute individuelle.
Malgré ce recul, le ghetto-blaster laisse un héritage durable. Il reste célèbre pour son rôle dans la diffusion et la popularisation du hip-hop, offrant une plateforme mobile d’expression musicale dans les espaces urbains.

Un symbole fort dans les médias
Le ghetto-blaster s’est imposé comme un objet culte au cinéma, à la télévision et dans la culture populaire en général. Il apparaît notamment dans :
- « Do the Right Thing » (Spike Lee, 1989), dans lequel il devient un élément central de la narration.
- « Say Anything » (1989), dans lequel John Cusack le tient au-dessus de sa tête dans une scène devenue iconique.
- « The Fresh Prince of Bel-Air », série télévisée qui met en scène l’objet comme reflet de la culture afro-américaine.
- Le clip « Da Funk » de Daft Punk (1996), réalisé par Spike Jonze, où un homme-chien se promène dans les rues de New York avec un ghetto-blaster diffusant la bande-son.
- Le film « Tuer n’est pas jouer » (The Living Daylights, 1987), dans lequel le ghetto-blaster est détourné en gadget meurtrier.
- Le tatouage de Travis Barker, batteur de Blink-182, qui arbore un ghetto-blaster sur l’abdomen.
- Le titre « Guetta Blaster » (2004) de David Guetta.
- Le morceau « Ghetto Blastah » (2013) de l’artiste norvégien Savant.
- Le court-métrage « Kung Fury », dans lequel on aperçoit un ghetto-blaster dès les premières secondes.
Modèles emblématiques :
- JVC RC-M90, surnommé « King of Boomboxes », reconnu pour sa robustesse et sa qualité sonore exceptionnelle.
- Sharp GF-777, l’un des plus grands et puissants modèles, doté d’un système à double cassette et d’un égaliseur graphique.
D’autres marques telles que Sony, Panasonic ou Toshiba ont également contribué à l’âge d’or du ghetto-blaster, mêlant innovations technologiques et audace esthétique.
Un retour rétro et nostalgique
Aujourd’hui, le ghetto-blaster connaît une résurgence dans certains milieux : il est devenu un objet de collection, un accessoire rétro prisé dans la mode, et une source d’inspiration dans l’art et le design. Son esthétique unique et son symbolisme fort en font un témoin privilégié d’une époque où la musique servait de cri de ralliement dans l’espace public.
Bien que remplacé sur le plan technologique, le ghetto-blaster conserve une aura particulière. Il incarne une époque de créativité collective, de revendication sonore et d’expression libre dans la rue.