Bonjour Gaëtan, nous sommes dans votre atelier à Montreuil où je vois de nombreux amplis et pédales… Vous êtes un fabriquant de pédales d’effets haut de gamme pour guitare Made in France, c’est bien ça ?
Tout à fait, à Audiolithe on est trois personnes, deux à l’atelier et une troisième qui travaille en remote et on est une marque d’effets pour guitares et basses made in France. On fabrique des pédales sur des circuits originaux qu’on développe et qu’on conçoit entièrement à l’atelier. Toutes les pédales sont fabriquées ici, et sont assemblées avec des circuits qui sont fabriqués en Europe, avec des pièces qui sont sourcées au maximum chez des distributeurs européens voire chez des fabricants européens. C’était important pour nous d’essayer de sourcer un maximum de composants et de pièces en Europe et de maîtriser la fabrication de A à Z, pour assurer un maximum de qualité.
Pouvez-vous nous dire quel cheminement vous a guidé vers ce métier ?
On a tous les trois un background d’ingénieur, donc on a travaillé la technique toute notre vie. Et on a aussi tous les trois un background de musicien. Donc à un moment on a simplement décidé de mettre en relation notre passion et nos compétences professionnelles.
Quel type de pédale pour guitare avez-vous lancé en premier ?
C’était la Doomer Fuzz, qui fait toujours partie de notre catalogue, on l’a lancée en 2020. Je l’avais conçue pour moi à l’origine parce que je cherchais un son que j’arrivais pas à trouver dans les différentes marques disponibles alors que j’en avais essayées pas mal. J’ai fini par créer un circuit, avec le son exactement comme que je le cherchais. Je l’ai entièrement tuné à l’oreille, j’ai mis les fonctionnalités dont j’avais besoin pour jouer avec mon groupe et puis j’ai fini par en faire un produit. Et ça a plutôt bien marché !
Et comment vous faites pour concevoir une pédale qui fait un certain son ? Parce qu’à l’école en électronique, on apprend pas à faire des distorsions ou des fuzz… faut faire des recherches sur internet… ?
Il faut surtout sélectionner les bons composants en fonction de leurs caractéristiques sonores et puis après c’est énormément d’essais et d’erreurs ! C’est aussi de l’analyse audio, savoir quelles sont les fréquences qu’on a envie de garder dans le circuit et qu’on a envie de favoriser, quelles sont les fréquences qu’on a envie de saturer, etc. Après c’est du calcul, du test, du test à l’oreille…
Et quels outils on utilise pour mesurer les fréquences ? Est-ce que vous utilisez un oscilloscope… ?
Oui on peut utiliser un oscilloscope ou un analyseur de spectre, mais ça, on a pas mal d’outils informatiques qui font ça. Et puis sinon il y a l’oreille. Les outils de mesure sont surtout là pour confirmer ce qu’on entend finalement… mais le plus important ça reste comment ça sonne à l’oreille.
Et du coup ça t’est déjà arrivé de créer une pédale « par hasard » ?
Ah oui ! Parce qu’on essaye, on essaye… et des fois on fait des trouvailles. C’était un peu le cas sur l’Extinction Drive, on cherchait à faire quelque chose sur laquelle on avait pas d’idées préconçues à propos de la marche à suivre pour faire cet effet, sur comment on allait réussir à mixer 3 sons complètement différents dans la chaîne de signal… À un moment on est tombés sur une solution technique à laquelle on s’attendait pas forcément ! Ça fonctionnait très bien donc on l’a gardée.
Ce sont des pédales pour quel genre ou style de musique que vous créez ? Je crois savoir que vous êtes un guitariste métal… ?
Nos pédales sont pour un spectre de styles très large. Visuellement nos pédales font appel à des codes qui correspondent davantage à l’imaginaire lié aux « musiques extrêmes » type métal, stoner, doom, mais les palettes sonores qu’on propose sont tellement vastes qu’il n’y a aucune raison de les réserver à un genre en particulier. Certaines fonctionnent même sur des claviers et des synthés, comme l’Echosmos par exemple. Il y a des gens qui font du blues qui ont acheté la Doomer Fuzz et ça marche très bien car les palettes de fuzz dans la pédale sont très très vastes.
Vous avez récemment sorti une pédale pour basse, pouvez-vous nous la présenter ?
Notre dernière sortie c’est la Chaosculpt Bass, on l’a appelée comme ça car elle envoie pas mal de gain mais en même temps elle a énormément de fonctionnalités qui permettent de sculpter le son et là aussi les palettes sonores sont infinies. C’est une fuzz pour basse qui a plusieurs atouts majeurs : d’abord elle a le fuzz signature d’Audiolithe, notre son fuzz original qu’on a adapté pour la basse, ensuite elle a une fonctionnalité de blend assez avancée qui utilise des techniques d’ingénieurs du son, de mixage... Le blend ça permet d’avoir le bas du spectre qui reste clean et le haut du spectre qui passe en distorsion et notre système de blend permet de mixer ces deux signaux très précisément avec deux boutons, un pour déterminer la fréquence à partir de laquelle on va passer en saturation et l’autre pour équilibrer le son clean et le son saturé. Derrière, on a un EQ 3 bandes très performant avec des fonctionnalités paramétriques (sur l’EQ Middle ???). Rien qu’avec cet EQ on peut aussi changer complètement la réponse sonore.
Comment commercialisez-vous vos pédales ?
Elles sont surtout vendues par notre réseau de boutiques partenaires comme Zicplace, mais on fait aussi partie d’un groupement de constructeurs, essentiellement français et européens artisanaux, qui s’appelle Guitar Division et avec lequel on vend en direct.
Et pour finir, pouvez-vous nous dire un mot sur vos futurs projets ?
On travaille sur plusieurs projets en même temps, mais là on travaille en particulier sur la ligne basse parce que les bassistes sont un peu délaissé(e)s par les constructeurs boutique et qu’il y a une vraie demande. Et évidemment, on travaille toujours à l’amélioration de notre gamme, donc il y a aura des nouveautés en 2024…