LES O.M.N.IS : mythique TR-808

Retour sur l’histoire de la TR-808, cette boîte à rythmes qui a façonné des courants musicaux, de  l’electro au hip-hop en passant par la techno. Un objet délaissé puis idolâtré, une bizarrerie musicale aux sons si reconnaissables. Embarquement immédiat pour la Planète 808 ! 

En 1980, Ikutaro Kakehashi commercialise le Roland Transistor Rhythm 808, un objet musical non identifié, voué à l’échec, synthétisant de manière (réaliste) les sons d’une batterie. Embarquer 3m3 dans un sac à dos 15L, le défi est lancé. 

Avec peu de paramètres modulables et une interface ultra-simplifiée (à en faire rougir Steve Jobs), la TR-808 offre pourtant une quantité de variations, toutes aussi surprenantes, répondant à autant de questions que pose le musicien à son instrument. Un élargissement imprévu du spectre musical brouillant la frontière entre l’interprète et l’instrument.

Zicplace se propose de revenir sur l’histoire de cet instrument, à travers une collection de morceaux et d’albums composés avec la TR-808. Retour sur ces 3 trigger outs qui ont bouleversé la production et ces sons analogiques qui ont façonné des générations (poke #le_snare).

Ten Ragas to a Disco Beat et l’Acid House indienne

Notre aventure commence en 1983, direction l’Inde, dans un studio situé dans la banlieue de Mumbai. Charanjit Singh, accompagné d’une TR-808 et d’une TB-303, compose un album devenu iconique avec la réédition de Ten Ragas to a Disco Beat paru sur Bombay Connection (avis aux collectionneurs parisiens paresseux). L’album est resté l’un des premiers projets acid-house, mais on ne peut en rien occulter les rythmes robustes de la TR-808. Charanjit Singh fut sans doute le premier artiste endorsé Roland, ne se produisant sur scène qu’avec une TR-303, une TR-808 et un synthétiseur Roland Jupiter 8. 

Depeche Mode :  la TR-808, un nouveau membre du groupe

En 1983, A Broken Fame incarne une 1ère rupture musicale pour Depeche Mode, offrant un climat mélancolique plus éloigné que ceux de Vince Clark (ndlr: il a quitté le groupe en 1982). Remplacé par Alain Wilder mais n’ayant participé à la composition de l’album, il semblerait que la TR-808 ait été un bon substitut. En atteste le sublime et trop méconnu Monument, où les sons retravaillés de la TR-808 habillent le morceau. Idem pour la caisse claire, sortie de la TR, présente sur l’ensemble de l’album ! En accueillant la TR-808, Depeche Mode adopte aussi un instrument aux sons et aux possibilités qu’ils jugeaient aussi imprévus que sans limite. Une belle rencontre !

TR-808 :  Génération Hip-hop 

Retour aux années lycées, on part pour un slow avec LL Cool J et I Need Love. En 1970, la Jamaïque a adopté l’échantillonnage rythmique, le sampling devient d’usage courant dans les années 1980 (en témoigne le morceau Cool Breeze On The Rocks, contenant 24 samples) et les boîtes à rythmes, notamment la TR-808, sont massivement prises d’assaut par la sphère underground dès 1983. Les ingrédients sont réunis, du live, le hip-hop devient un objet de production. D’Afrika Bambaataa à Kanye West, en passant par Egyptian Lover pour terminer à Nav et son excellent projet trap Reckless, la TR-808 est partout. A vous de la trouver !


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Une histoire de disquaire : 808 State

C’est un histoire qui aurait pu se passer chez Dizonord. On est en 1987 à Manchester. Martin Price, propriétaire du disquaire Eastern Bloc, se lie d’amitié avec Graham Massey et Gerald Simpson (l’un écoutant Kraftwerk, le second ayant un lit couchette à l’Haçienda). Ensemble, ils fondent 808 State, en référence à leur passion commune pour ces percussions cheaps (ndlr: La TR-808 était encore considérée à l’époque comme « bas de gamme”) et explore la TR-808 sous ses aspects les plus rugueux, difformes, brouillés et malgré tout minimalistes. Associé à une TR-303, le cocktail ne peut que vous charmer !

Pour digger : Aphex Twin (qui a d’ailleurs réédité le disque Newbuild au début des années 2000 sur son label, le remix d’Aphex est dingo), Richie Hawtin, Shlømo, Madben, Boston 168, 999999999, Lil Louis, Drexciya, Strafe. 

Retour en Asie : Rencontre avec Susumu Yokota

Pour clôturer notre voyage, nous retournons en Asie, direction le Japon où nous sommes accueillis par Susumu Yokota, un compositeur habitué à des productions ambient, expérimentales et trip-hop. Pourtant, En 1994, il bascule dans une musique proche de la techno, en rencontrant deux boîtes à rythmes. Vous commencez à les connaître, la TR-303 et la TR-808. Elles deviennent des supports à la création et apparaissent, en filigrane, comme un écho persistant. A ce sujet, la rédaction vous recommande le podcast de La Foudre (aussi Category Manager chez Zicplace. Un problème pour vous inscrire ? 06 75 82 95 05) sur Lyl Radio où 5 sons avec une TR-808 se sont glissés. Peut-être 6, à l’heure où est écrit l’article, l’addition n’est plus une solution pour la rédaction.

A la sortie de la Roland TR-808, deux unités d’une même chaîne de production pouvaient sonner différemment. En cette fin d’année 2019, la TR-808 a trouvé son son, celui d’un instrument iconique. Il en reste parfois une ou deux sur Zicplace.com, plus elles traînent plus on s’amuse, mais n’attendez pas plus longtemps pour compléter votre collection.

François Mahé

Lundi 4 Novembre